📀 Kendrick Lamar - DAMN. (2017)
Si ce n'est pas l'album le plus aimé des fans, DAMN. brille d'un concentré de tout ce Kendrick sait faire de mieux et l'emmène au statut de légende du rap.
Après nous avoir amené dans le van familial pour une rétrospective de ses jeunes années dans les quartiers de Compton, et être devenu un sauveur du rap en se transformant en papillon, Kendrick revient avec DAMN. Un album extrêmement attendu par le public.
Le monde était plus que curieux de voir quelle suite Kendrick Lamar allait servir au monde entier après le succès retentissant de ses précédentes œuvres. C'est finalement le plus difficile: Comment rebondir après avoir sorti 2 chefs-d'œuvres adulés des critiques et du public ?
Après les expérimentations jazzy de TPAB, cet album sonne comme un retour au 1er amour de K-Dot : le hip-hop. Si on retrouve son audace avec des sonorités plus sombres et de nombreux changements rythmiques, les productions restent dans les codes du rap de 2017.
Le désormais Kung Fu Kenny (référence à Rush Hour 2) semble prendre plaisir à rapper sur des instrus plus accessibles. Même si le casting à la prod reste impressionnant: Mike Will Made-It, Sounwave, Digi+Phoniks, Kaytranada, James Blake, Terrace Martin pour ne citer qu’eux.
L'album est plus accessible jusque dans les collaborations. Les apparitions plus pop avec Rihanna et U2 auraient pu faire peur à la lecture de la tracklist, mais Kendrick garde sa place de maître rappeur, exprimant sa rage avec ses variations de flows uniques.
Mais Lamar garde constamment la tête sur les épaules. Il construit son message avec brio, et rappelle à chaque nouveau projet que son rôle assumé d’artiste se traduit par une portée sociale et politique. Transformant les problèmes sociaux américains en moments de prières.
Mais le message est moins acerbe qu'auparavant et DAMN. a été jugé par certains comme sommaire. Kendrick semble mener une lutte nouvelle : celle de retrouver sa vie. Il explique dans le prélude qu’il a perdu son identité et qu’il erre avec ses pensées comme seules alliées.
Ainsi, DAMN. invite l’auditeur à suivre le voyage presque tortueux de la conscience de Kendrick, un cheminement tendant vers la spiritualité. Le projet est intimiste et sincère à l’image de celle dépeinte dans GKMC ; Kendrick s’ouvre sur son mal-être et sa souffrance.
Cette introspection est profonde mais plus en retrait, rendant l' album plus accessible, ce qui explique aussi son succès au Billboard. Contrairement à ses prédécesseurs pensés comme une entité, les tracks de DAMN. peuvent être appréciés plus facilement seuls et hors contexte.
L’image se veut toujours saisissante. Elle sert les propos des tracks faisant écho au côté spirituel et prêché par Kendrick. Le vinyle est magnifiquement bien pressé pour un son cristalin mais a une esthétique beaucoup plus simpliste que celle travaillée dans les clips.
En résumé, DAMN. est plus accessible donc mais avec des performances exceptionnelles et un message plus puissant qu'il y parait et qui mérite largement ses réécoutes. Après 2 chefs d'œuvres, cette confluence des qualités de Kendrick l'emmène toute en haut: le prix Pullitzer.
Premier artiste de la scène rap à gagner le plus prestigieux prix des États-Unis, qui vient sûrement récompenser l'entièreté de sa carrière. Le Pullitzer se concentrant généralement sur le jazz, cela montre la crédibilité qu'a gagné la scène aux yeux du grand public.
DAMN. est donc le 1er tome d'une nouvelle page du hip-hop qui a appris du passé pour se tourner vers un futur brillant du genre. On attend avec impatience d'écouter ce que Kendrick Lamar prévoit, maintenant qu'il est au sommet.
Rédacteurs : Victor, Catheline
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