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INTERVIEW - Le voyage de Prinzly 🚀

📀 Prinzly - Passager 8 (2023)

(Ecriture feat PRINZLY et ROMAIN GARCIN)

Il nous a livré un des vinyles les plus aboutis de l’année et un voyage musical riche en détails, retour en anecdotes sur Passager 8, une analyse inédite supportée par des entretiens avec Prinzly et le directeur artistique et photographe Romain Garcin.


Prinzly était connu par beaucoup pour ses productions chez Damso, Hamza ou Disiz et a marqué ce début d’année avec son 1er album en tant que rappeur. Une arrivée sur le devant de la scène riche en influences qui sonne le début d’une nouvelle ère.


L’artiste Belge a grandi en écoutant autant de la Rumba Congolaise, Michael Jackson et du Rap américain. Il commence la musique avec comme objectif d’être à la fois rappeur et beatmaker, commençant à faire ses propres prods, en ayant marre de rapper sur des Faces B.


Il rejoint rapidement le collectif Street Fabulous et réalise un 1er placement important avec “Passe-leur le Salaam” de La Fouine feat Rohff en 2010. Les demandes de prods pleuvent rapidement et Prinzly devient beatmaker à plein temps presque sans le vouloir.


Vous n’avez pas pu écouter de rap français récemment sans entendre une de ses productions aux multiples certifications. Il passe à la vitesse supérieure plus récemment en étant impliqué dans la création complète de QALF Infinity de Damso et Ocytocine de Squidji.

L’artiste dévoile Passager (((8))), un album concept au contenu dense qui a vite retenu l’attention. Digne d’un film de science-fiction, l’album embarque l’auditeur dans un voyage auditif en direction de la Terre et narrant le parcours de Prinzly jusqu’à aujourd’hui.


Ces collaborateurs disent de lui qu’il avait les sonorités d’un “Alien”, il assume pleinement ce surnom dans son 1er projet.


Un titre qui révèle toute l’ambition de l’artiste, Passager étant une traduction du Voyager de Daft Punk sur Discovery et 8 pour le 8ème passager de l’Alien de Ridley Scott.


Si l’on peut d’abord être décontenancé par la richesse de sa proposition, on ne ressort pas de l’écoute indemne. Entre productions de l’espace s'enchaînant à un rythme saccadé, voix auto-tunées graves et featurings ambitieux, le projet se démarque des sorties de la scène française.


L’artiste utilise le voyage stellaire pour nous parler de son passé. Il utilise cette métaphore pour prendre de la hauteur, parler de son expérience, son rapport à l’argent, le fait de prendre de l'âge… Une excursion spatiale qui le ramène sur Terre, dans le présent, sur le dernier titre de l’album.


Une tracklist dense mais cohérente, qui s’explique par la manière atypique de travailler de Prinzly. Lors de notre entretien, il insiste sur le fait qu’il cherche en 1er l’émotion, tel un scénariste construisant son moodboard, le titre lui venant souvent avant de le composer.


C’est le cas de Terra, il avait déjà le nom et cherchait une “vibe indie rock”. C’est en tombant par hasard sur une chanson de Fantazy 15 qu’il écoutait régulièrement qu’il a le déclic, c’est l’émotion qu’il recherche. Il sample donc le morceau qui fera cette outro si marquante.


Pour ce projet, Prinzly était entouré des meilleurs beatmakers de Bruxelles. Ils travaillent ensemble lors de sessions où chacun peut ajouter sa proposition. Par exemple, pour la création de ZOOM avec Hamza, ils se basent sur un pack que Ponko avait créé pour l’occasion.


Dans tous les cas, notre alien du rap francophone, travaille toujours de nombreuses fois ses titres. Après ses sessions de production en groupe, il s’enferme chez lui pour affiner la proposition et travailler la post-production jusqu’à avoir exactement le titre qu’il souhaite.

La densité du projet s’explique également par des influences nombreuses qui viennent se rencontrer dans le vaisseau de Prinzly. House des années 90, musiques de documentaire et bien évidemment rap, l’artiste nous a révélé des samples et inspirations très variées.


Le parcours musical de Kanye West, commençant beatmaker avant de dominer la scène rap, est la référence ultime pour lui.


On ressent d’ailleurs la patte de Yeezus, son album préféré, dans les sonorités futuristes de Passager 8.


En l'interrogeant sur son retour vers le micro, Prinzly affirme avoir beaucoup travaillé et cite cette fois une référence du côté d’Atlanta : Future. Dans sa manière de travailler, recherchant toujours le visuel et les émotions, il s’est logiquement retrouvé dans le flow unique de Pluto.


En plongeant avec Prinzly dans l’analyse de l’album, on s’arrête dès l’intro et sa voix robotique nous introduisant au concept de l’album. Une référence directe à HAL 9000 l’IA glaçante de 2001 L’Odyssée de l’Espace, un autre des classiques de SF qui l’a inspiré.


Cette intro, une instrumentale courte présentant son univers, est d’ailleurs une idée que Prinzly avait beaucoup aimé sur Man On The Moon 3 de Kid Cudi. Une référence ultime en matière d’albums rap se déroulant dans l’espace qui est donc saluée dès les 1ères secondes du projet.


C’est sur des titres comme Voyageur que l’on ressent ses inspirations House des 90s comme “Pump Up the Jam” qui ont beaucoup tournés en Belgique. Prinzly souhaitait retrouver cette émotion sur une instru qu’il révèle d’ailleurs avoir créé à l’aide d’une voix libre de droit.


Derrières les synthés de l’espace, Prinzly liste des influences plus atypiques: Jean-Michel Jarre, Mike Dean, Shigeo Sekito (qui a été samplé dans un tube de Mac DeMarco) ou même une musique de documentaire sur l’espace : MelodySheep samplé sur Satellite Interlude.


Un sample lui tenait à cœur, Kosmos de Romano Daking, rappeur de Bruxelles qui était comme un grand frère pour lui, et qu’il aurait invité en feat s'il était toujours là. C’est Prinzly qui avait trouvé le titre Kosmos à l’époque et le symbole était donc important. RIP Romano.


On retrouve au casting de l’album Laylow, Tiakola, Disiz et Hamza. On ressent l’alchimie que le producteur a lié avec certains de ses artistes avec le temps. Hamza joue à domicile tant il est à l’aise et Disiz l’accompagne avec facilité sur le tube SUPERSONIC.


Laylow surprend en ayant une interlude dédiée particulièrement réussie. Le rappeur rappelle ses qualités sur le titre et Prinzly laisse exceptionnellement la place pour s’illustrer sur la prod. Aucun sample ici, tout est joué, il nous révèle avoir “voulu flex” sur cette composition.


Après 17 titres et 50 minutes de productions uniques aux performances en constante évolution, l’auditeur atterrit enfin sur Terre, comprenant que toutes les péripéties de cette odyssée spatiale le menait là.


Quel était donc le plan de Prinzly ?


En se penchant de plus près sur les détails cachés et les visuels de Passager (((8))), on se rend compte que le voyage musical de Prinzly cache un plan secret, divisé en 3 actes.


Quand on lui demande son rapport au vinyle, Prinzly répond que le 1er qui l’avait touché était Thriller De Michael Jackson découvert dans la cave de ses parents. Avant d’écouter ce chef d'œuvre, même la cover, un portrait de l’artiste allongé, l’avait marqué.


On le comprend vite, le visuel à une place capitale pour le rappeur dans sa création. Il échange dès le début avec son graphiste et photographe Romain Garcin sur ses envies de logo autour du chiffre 8 et des différentes parenthèses () qui l’entourent.


Romain Garcin nous indique avoir créé près de 20 logos avant de prendre sa forme finale aux couleurs chromes. Les 3 parenthèses autour de Passager (((8))) représentent pour lui l’énergie qui s’en dégage mais sont aussi annonciatrices d’une trilogie d’albums !


Dans son processus créatif visuel, Prinzly partage qu'il imaginait ce 1er album comme un “Bon Voyage” et nous tease déjà travailler sur le 2nd opus qu’il imagine comme une “Bonne Nuit”. Ça promet pour l’artiste qui nous dit ne pas être à l’abri d’un single avant la fin de l’année.


Travailler en 3 parties, c’est déjà ce que Prinzly avait fait pour Passager 8, ayant révélé 2 EPs avant l’album final. Tel une rampe de lancement, ils ont permis au public de s’habituer aux sonorités de l’artiste et à son univers sombre.


Alien possède 4 actes, Passager 8 en à donc 3. Une stratégie qui a directement impactée le travail sur les visuels du projet. Les visuels des EPs PROPULSION et CIEL venant former la cover finale de l’album. Une construction que l’on retrouve d’ailleurs sur le vinyle du projet.


Un objet que Romain Garcin a travaillé avec le Studio Filature. Se basant d’abord sur le format CD, leur plus gros défi a été de faire vivre “l’entité chrome” pour avoir un résultat réaliste et où son existence reste libre d’interprétation. L’ambition était de travailler un visuel iconique.

Plutôt que de faire une cover avec un vaisseau spatial, ils se sont inspirés de celle de Thriller qui avait marqué le jeune Prinzly : un portrait iconique avec un détail atypique. Pour Michael un tigre, pour lui le chrome. Une entité visuelle se voulant marquante et intemporelle.


Pareil à l’intérieur du vinyle, pas de plans détaillés d’une fusée mais l’immense logo 8. Une inspiration d’un autre vinyle classique : Random Access Memories et son clavier en transparence.


Pour le disque, un vinyle noir, épuré, comme tous les classiques auquel il fait référence.


Romain Garcin nous précise que le vinyle leur aura donc “coûté cher” à fabriquer et restera sûrement unique vu la complexité de l’objet. Pourtant, il est proposé à un prix assez bas dans le marché actuel. Une initiative à soutenir pour l’un des visuels de l’année dans le rap français.


Alors qu’il vient de nous révéler travailler sur une trilogie, on en apprend déjà plus sur le futur de Prinzly. Il travaille notamment sur un documentaire, dont on a vu des extraits avec Disiz et Laylow pour la promo et qui verra le jour à la fin du voyage.


Un beatmaker qui prend le micro et se lance dans une trilogie marquante, ce n’est pas sans rappeler sa plus grande inspiration KanYe West. Ce n’est que le début pour Prinzly qui se voit faire de la musique tant que la vie lui permettra et à clairement une vision à long-terme.


Entre productions futuristes, invités de marque et histoire filée. Tout semble maîtrisé dans cet album concept que l’artiste a réalisé majoritairement sur le mois d’août 2021. L’artiste revenant sur son passé et utilisant le voyage stellaire comme une métaphore de son avancée dans la vie.


On a hâte de le voir assumer encore plus ses sonorités uniques mais aussi continuer d’affiner sa plume et ses flows alors qu’il gagne en expérience avec un micro à la main. Il est donc temps de monter dans le train, ou plutôt le vaisseau, Prinzly et de savourer le voyage.


Avec Passager 8, le rap français découvre l’univers de Prinzly. Un album riche en références et la 1ère pierre d’une grande discographie. L’artiste atterrit sur Terre dans l’outro et nous donne donc rendez-vous en 2024 pour la partie 2 de sa trilogie : sa “Bonne nuit”.


Rédacteur : Victor

5 Anecdotes Bonus (pour ceux qui lisent jusqu'au bout) :


- Pour son featuring avec Auraa The Kiddo, il lui a fait reprendre une mélodie de Lil Wayne "I Feel Like Dying"


- Damso devrait apparaitre dans la suite de sa carrière. Il "garde quelques cartouches pour la suite"


- Pour "Station I - Ciel" Une de ses inspirations a été la manière dont Kanye à samplé "Woods" de Bon Iver


- Les noms de la tracklist raconte eux aussi une histoire


- Il souhaite se produire plus en concert et cite le Bercy de Laylow comme un déclic.



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